Mars 2020 : retour d’AFYA au NORD-KIVU, entre fin d’Ebola et début de Covid 19. Au péril sanitaire s’ajoute le péril sécuritaire persistant lié aux bandes rebelles armées justifiant l’impossibilité confirmée de se rendre sur le terrain. C’est donc, une fois encore, aux enseignants et formateurs de l’école et du centre de formation avec les représentants de notre partenaire Apetamaco, de nous rejoindre à Goma, le 12 mars, accueillis par Ingrid à la descente du car remis par Afya en 2017

Journée de travail intense et fructueuse avec ouverture par l’élocution du président JPL qui souligne d’emblée l’importance du succès de notre entreprise auprès de nos amis donateurs. Suivent les exposés des participants dans chaque domaine : réussites mais aussi échecs et souvent doléances.

         A KIBIRIZI, l’école d’AFYA gratuite pour les indigents subit les conséquences  de la promulgation récente de la gratuité de l’enseignement public responsable de la diminution des effectifs ( 10%) et la désertion de trois enseignants attirés par un salaire supérieur. Cette mesure rend sceptique de la part d’un état défaillant et l’on reste optimiste persuadé que l’excellence de l’école d’AFYA  avec 100% de réussite au certificat d’études primaires et la fourniture gratuite des uniformes et des chaussures fera la différence. Néanmoins il apparaît indispensable de majorer le salaire des enseignants revalorisé de 10$ .

Motifs de satisfaction, la production du jardin scolaire en tomates vendus au marché et les activités culturelle , théâtre, chant choral et sportives avec l’équipe de football que l’on encourage par la remise de maillots et d’un ballon.

En revanche, consternation devant la dégradation des bâtiments, tôles des toits rouillés, vitres brisées par malveillance ; regrets devant l’insuffisance de fréquentation de la salle polyvalente par les réunions populaires festives qui serait due à l’absence de vitres teintées aux fenêtres et à l’absence d’électricité! Pour remédier à ces lacunes, AFYA prendra en charge la peinture des toits, la réfection des fenêtres et surtout le recrutement d’une sentinelle. Enfin, deux résolutions économiques : recrutement d’un comptable pour une meilleure gestion financière

 

et création d’une activité mutualisée génératrice de revenus pour l’école, sous la forme d’un clapier de lapins dont la réalisation fera l’objet d’un devis ultérieur.

 

 

 

Le CENTRE DE FORMATION PROFESSIONNELLE de Kayna, baptisé FURAHA ( la Joie ), est loin de parvenir à l’autonomie financière qui est l’objectif fixé par AFYA depuis l’origine.

 Concernant les apprentis, les effectifs sont stables mais les indemnités demandées aux familles (15$ /trimestre) ont du mal à être perçues alors que la gratuité est accordée aux enfants de Kibirizi et aux enfants soldats démobilisés. Satisfaction d’apprendre que, parmi les cinquante diplômés de la dernière promotion, vingt ont obtenu un emploi stable, le plus souvent en mécanique automobile. Des stages de perfectionnement sont organisés dans des entreprises environnantes. Satisfaction aussi devant l’activité de l’atelier de maçonnerie avec fabrication de briques génératrice de revenus , destinées en majeure partie à la construction des maisons des internes ; de l’atelier d’électricité dont les apprentis ont réalisé l’installation d’une maison paroissiale pour un revenu de cent dollars.

En revanche, déception devant les résultats de l’atelier de menuiserie en charge de la fourniture du mobilier de la maison des internes qui souhaite un renouvellement de petit matériel ; de l’atelier d’artisanat dans cette région dépourvue de tourisme ; de l’atelier d’agronomie incapable de fournir des légumes en quantité suffisante pour l’alimentation des apprentis.

Dans ce domaine, on insiste sur l’intérêt, sur le double plan économique et nutritionnel pour la population, de la culture du Moringa, « l’arbre de vie » et du Niébé ou haricot noir aux vertus nutritives exceptionnelles qui fait l’objet d’un congrès annuel de l’association Kesho-Congo à Bukavu au Sud-Kivu auquel le responsable du Centre pourrait participer.

 

Enfin, une activité génératrice de revenus sera représentée par la création d’un clapier sur le même modèle qu’à Kibirizi.

Le projet de « construction de la maison des apprentis par les apprentis » qui a été accepté par l’Agence des Micro-projets comporte deux bâtiments, pour garçons et filles. L’originalité est la participation des apprentis des ateliers concernés, maçonnerie pour les briques, menuiserie pour les meubles et coupe-couture pour draps et rideaux réalisant un modèle de travaux pratiques. La phase initiale de préparation des matériaux est en cours et la construction, sous la direction d’un maitre d’œuvre venu de Goma, aura lieu pendant les vacances d’été. Le recrutement d’une sentinelle est admis pour éviter les vols et on évoque, la présence d’un responsable à formation psycho-pédagogique chargé, en particulier, de régler les actes d’indiscipline et les conflits inter ethniques fréquents.(Afya envisage de solliciter l’expertise du responsable d’Aprojed, centre de formation et de réinsertion à Goma)

Un projet d’électrification de ces maisons est à l’étude.

Afin d’améliorer le fonctionnement du Centre et de parvenir à l’autonomie envisagée, une importante décision est prise : la création d’un Comité de gestion composé des différentes parties prenantes parmi lesquelles un prêtre de la communauté voisine , le Père Edmond , déjà en fonction, représentera AFYA, doté d’un mandat de pouvoir, chargé de superviser le fonctionnement des ateliers, de signaler tout manquement grave, de réunir le comité de gestion et de faire un rapport trimestriel.

L’ « après formation » est également une préoccupation : nombreux sont les apprentis ne disposant pas des moyens nécessaires pour s’installer. Se rapprocher de la LIDE et de son président Stanislas, fondateur de plusieurs mutuelles de solidarité,
serait peut-être une solution permettant aux diplômés de financer leur installation.

Au terme de cette journée avec photos obligatoires, se dégage un enthousiasme et une détermination générale qui permettent d’augurer un avenir serein vers l’objectif de l’auto-suffisance.

Le Centre de santé de Kibirizi
La réhabilitation du Centre fut l’autre préoccupation de ce séjour. L’activité demeure essentiellement obstétricale mais le bloc opératoire souffre de la dégradation du scialytique et de l’insuffisance de l’éclairage par les panneaux photo-voltaïques fournis par AFYA dont les batteries seraient en fin de vie. Par ailleurs, la table d’accouchement est défectueuse et les lits d’hospitalisation sont dégradés sans moustiquaires. Scialytique, table d’accouchement, lits et nouvelles batteries seront pris en charge par AFYA alors que le laboratoire d’analyse, le seul à Kibirizi, sera équipé aux frais de l’église Néo-apostolique, fondateur du Centre. Enfin, l’amélioration de l’adduction d’eau est étudiée par Solidarité Internationale dans le cadre de son programme « WASH ».

Alors que la survenue du COVID 19 frappe la RD.CONGO avec fermeture des écoles faisant craindre une nouvelle épreuve après tant d’années de guerre, de massacres et d’épidémie, l’enthousiasme et la détermination exprimés lors de cette rencontre font espérer la réussite d’AFYA dans son objectif d’améliorer le sort de ces populations défavorisées.